4 raisons pour lesquelles la créativité à explosé pendant le confinement et comment garder cet élan

4 raisons pour lesquelles la créativité à explosé pendant le confinement et comment garder cet élan

Pendant un confinement tel que celui vécu de mars à mai en France, on pourrait s’attendre à ce que les gens passent leur journées au ralentis. Avachis dans leur canapé à regarder la télé en mangeant des chips. Paradoxalement, pendant toute cette période nous avons vu déferler une vague de créativité.

Tous les réseaux sociaux, tous les chats étaient plein de création nouvelles, de dessins, de chanson, de vidéo. J’ai découvert chaque jours les talents de sculpteurs, de chanteur, de coach sportif, d’éducateur ou de cuisinier de gens que je connaissais depuis des années. J’ais découvert projets ambitieux, des défis fous, des gens qui paradoxalement, alors qu’ils sont isolés et souvent désoeuvré, décident de partager leur savoir faire avec un esprit volontaire et positif.

On dirait que tout le monde attendait ce moment pour lancer enfin la chaîne Youtube qu’il avait dans un coin de sa tête, le podcast dont il parlait depuis des mois en fin de soirée ou enfin se lancer dans la poterie ou l’écriture de son roman. Qu’est ce qui fait que ces conditions extrêmes nous ont mis dans un état d’esprit créatif et comment retrouver cela en dehors de ces périodes de crise ?

1. Le temps

Certain d’entre nous ont eut du mal à jongler entre des enfants qui doivent être occupés et instruits à la maison et une charge de travail plus importante que d’habitude. Pour d’autres néanmoins la situation a été différente: chômage plus ou moins partiel, activité au ralentis, plus de trajet domicile-travail, plus de sorties,…

Le fait d’avoir du temps qui n’a pas à être arraché mais qui est donné (voir subit) est un des facteur les plus évidents ayant permis aux gens de se lancer dans des projets repoussés depuis longtemps ou de pratiquer plus leurs créations.

Comment retrouver du temps pour créer:

La gestion du temps est un vaste sujet beaucoup de livres, de méthodes, de blogs, de podcast ou de vidéo traitent du sujet. Je ne pense pas qu’il y ait de méthode miracle. J’en ai personnellement testé beaucoup (de se lever à 5h du matin à organiser toute sa vie sur des petites fiches en passant par minuter toutes les activités de sa journée ou juste changer d’état d’esprit). Je me suis finalement rendu compte que j’avais besoin d’une routine mais d’une routine qui change, à chaque moment de ma vie, selon les projets ou les saisons ou les envies.

Dis comme ça, ça ne parait pas très applicable. Mais l’important c’est que si vous vous sentez toujours débordé, sachez que ça n’est pas une fatalité. il existe un tas de méthode efficaces. Si vous ne savez pas par ou commencer, vous pouvez toujours vous référer à Votre Temps est Infini*, de Fabien Olicard. Parfois extrémiste dans son approche de la gestion du temps mais qui à l’avantage de proposer une multitude de méthode et d’outils dans un format très agréable à lire.

2. Le boulersement des habitudes: effet de dépaysement

En quelques heures, nos mode de vie on changés radicalement. Nous nous sommes retrouvé dépossédé de nos anciennes habitudes, de nos activités, de nos lieux, de nos fréquentation. Il a fallu réinventer du jour au lendemain de nouvelles façon de vivre, de communiquer, de travailler.

Privé notre environnement habituel, nous avons eu à résoudre de nouveaux problèmes, plus ou moins compliqués : comment communiquer avec nos collègues, comment maintenir le lien avec nos amis ou notre famille, comment faire des courses,…

On pourrait croire que cette sollicitation créée une surcharge mentale qui nous empêcherait d’avoir l’énergie la volonté pour résoudre d’autres problèmes ou pour créer. Au contraire, être confronté à un environnement nouveau a pour effet de nous faire changer de point de vu par rapport à des problématiques ou des idées qui seraient figées en nous.

Si en plus cet environnement est contraignant l’effet est augmenté. De la même manière que l’on court plus vite quand on est échauffé par un footing et entraîné par les courses des jours précédent, on est plus efficace et plus performant en création et en résolution de problème lorsque l’on a eu de l’entrainement et de l’échauffement dans ce domaine.

Comment faire jouer l’effet de dépaysement:

L’effet d’un dépaysement sur la créativité est bien connu. C’est pour cette raison que les entreprises envoient leurs cadre en séminaire à la campagne et leur font faire des jeux de piste avant de réfléchir à la manière de repenser leur manière de travailler. C’est aussi l’idée derrière des initiatives qui incitent les employés à travailler sur des projets autres que leur cœur de métier (les fameux 20% projects chez Google par exemple).

Rien n’empêche d’implémenter ces activité à titre individuel: aller faire un tour, travailler dans un endroit différent, alterner les projets, apprendre de nouvelles choses,…

3. L’expiration

La création semble souvent fonctionner comme une respiration. Lors de phases d’inspiration, nous nous nourrissons d’expérience, d’œuvre, de discussions,… Puis lors de phase de création, nous exprimons ce que nous avons emmagasiné et digérés.

De manière générale, nous avons tendance à être bombardé, d’images, de rencontres, d’idées nouvelles. Lors de cette période, nous nous sommes retrouvé face à nous même et parfois face à l’ennui. Cela nous a permis, ou forcé à sortir ce que nous avions en nous.

Comment laisser le temps à l’expiration:

Prendre conscience du bombardement d’image, de sons, de vidéos, de solicitations qui nous accaparent. Rester seul dans le silence. Ne pas sortir son téléphone au moindre temps mort. Eviter les réseau sociaux.

On cherche souvent à en faire plus et mieux. Être tout le temps occupé, productif et connecté toujours en faire plus. Néanmoins, de plus en plus de gens constatent a quel point cela est détrimental pour leur bien être mais aussi pour leur création.

Réapprendre à s’ennuyer est surement une des qualité les plus importantes à développer aujourd’hui.

Deux conseils de lecture à ce sujet:

  • Digital Minimalism* de Cal Newport : Explique les mécanismes et les danger de l’addiction aux réseaux sociaux et aux distractions numériques et propose une méthode pour s’en éloigner.
  • How To Do Nothing* de Jenny Odell : Fait prendre conscience de l’accaparation et de la marchandisation de notre attention par des entreprises qui en tirent profit. Nous explique comment récupérer cette attention pour la tourner vers des choses qui nous importent réellement.

4. La création est intimement liée à notre humanité et à sa dimension sociale

Depuis les début de l’humanité, les humains ont créé des oeuvres symboliques (peinture, dances, sculptures, rites,…) afin de créer du lien au sein de groupes d’individus regroupés en tribus. Aujourd’hui les tribus ont explosés avant de se reformer de manière globale et plus diffuses. Les individus se retrouvent attachés à plusieures tribus : ma famille, mon groupe d’amis, les anciens de mon école, ceux qui écoutent la même musique que moi, les voisins,…

Privé du contact direct avec nos semblables, beaucoup ont ressentis ce besoin instinctif de montrer ce qu’ils avait fait et de voir ce que les autres faisait. Evidemment voir les peintures, les clips de rock ou les brioches faites par nos proches créé un effet d’émulation qui donne encore plus envie de créer. Et voilà comment tout le monde se découvre des talents de boulanger au bout de deux semaines enfermé.

Comment tirer partie de notre nature de créateur et de notre envie de partager ?

Cédez à l’envie. Montrez ce que vous faites. Cela vous donnera envie d’en faire plus et mieu et poussera également les autres à se lancer.

Rejoignez des tribus de gens qui se passionnent des mêmes choses que vous. Si ces tribus n’existent pas, créés les.

Attention tout de même au travers décrit dans le point précédent. Le plaisir de partager et d’être vu peut rapidement devenir une addiction. Ne faites pas non plus l’erreur de créer pour les autres et de vous préoccuper plus du nombre de like ou de partages. Créer d’abord pour vous, paratgez et recommencez.

A ce sujet vous pouvez lire Montrez votre travail !*, d’Austin Kleon (Show your work! En VO. Austin Kleon est un artiste formidable et une grande source d’inspiration. Je vous conseille au passage de jeter un œil à ses autres livres, à son blog et à sa newsletter.

Note:

*Tous les liens de cet articles sont des liens affiliés. Si vous acheter les livres conseillé en suivant ces liens, une partie des bénéfices servira à faire tourner ce site, et cela ne vous coute rien de plus.

Ultralearning

Ultralearning

L’apprentissage est également une part majeure de ma vie professionnelle. Dans mon métier, je suis amené à devoir comprendre rapidement des problématiques liées à des domaines souvent très techniques et très différents. Ma rapidité de compréhension et de rétention est primordiale pour mener à bien et dans les temps les missions qui me sont confiées.

Beaucoup de créateurs sont d’abord des curieux. Poussés par une soif d’apprendre, ils recherchent, ils démontent, ils remontent, ils essaient,… La création n’est qu’un sous produit ou un résidu de cette exploration. Je sais que c’est mon cas. J’adore apprendre de nouvelles choses et j’ai toujours envie de tout savoir et de tout essayer.

Or, je suis souvent déçu de la durée qui m’est nécessaire pour apprendre de nouvelles techniques ou appréhender de nouveaux domaines de connaissance. J’ai par exemple  passé des jours à apprendre la guitare (depuis 10 ans) sans pour autant me sentir aujourd’hui à l’aise et en capacité de créer dans ce domaine. Autre frustration. Je me rend compte que j’oublie très rapidement des gestes ou des savoirs que je maitrisais pourtant.

J’ai donc cherché à comprendre comment fonctionnaient mes capacités d’apprentissage et de rétention et comment en tirer le meilleur parti.

En m’intéressant à ce qu’on appelle le meta-apprentissage ou l’art d’apprendre à apprendre j’ai découvert Scott H. Young, certainement un des animateur les plus actif du domaine. Écrivain, coach et enseignant, il cherche à maîtriser et explorer le sujet depuis une dizaine d’années. Il met en pratique ses recherches au travers de projets très ambitieux. Il a par exemple tenté de compléter le cursus de 4 ans d’informatique du MIT ou d’apprendre 4 langues étrangère très différentes en moins d’un an.

Après plusieurs livres sur le sujet, principalement orientés vers les étudiants, Ultralearning vise une audience plus large et est une synthèse de toutes ses années d’étude et d’expérimentation. Pour ce livre, en plus de son expérience personnelle, Scott a étudié les techniques et les méthodes de ce qu’il appelle des « ultralearners ». Des individus qui, comme lui, on décidé d’optimiser leur apprentissage. Certain sont des élèves dont il détaille le parcours. D’autre sont des exemples historiques : Van Gogh, Da Vinci, Benjamin Franklin,… Il prend également comme exemple des contemporains plus ou moins célèbres : Nigel Richards (multiple champion du monde de scrabble, en anglais et français), Mike Tyson, Ken Jenning (plus grande somme totale gagné dans le monde des jeux culturel télévisé, 3 600 000$, 74 victoires consécutives à Jeopardy).

De ces études, Scott H. Young retire 9 grands principes qu’il a retrouvé dans la pratique de la plupart de ces ultralearner. Il croise ces expérience pratique avec des publications scientifiques sur le sujet qui éclairent et expliquent pourquoi ces mécanismes sont si utiles.

Les 9 clefs de l’apprentissage efficace

1.Meta-apprentissage

Premier principe utilisé par la plupart des ultralearners, le méta apprentissage consiste justement à se poser un cadre et des bases autour d’un apprentissage considéré de manière active et consciente. Scott H. Young constate que la plupart des ses cas d’étude ont une idée très claire de ce qu’ils veulent apprendre (quoi), de la raison pour laquelle ils veulent l’apprendre (pourquoi) et de la stratégie qu’ils vont employer pour y arriver (comment).

Même si les sujets, les objectifs et les stratégies sont différentes pour chacun, les ultralearner explicitent clairement ces trois éléments.

2.Concentration

Les ultralearners font tous preuve d’une capacité et d’une volonté de concentration importante pour mener à bien leur projet.

Scott H. Young détaille différentes stratégies employées pour entrer dans un état de concentration et s’y maintenir.

Il fait une distinction intéressante entre des moment de concentration « froide » ou le sujet est détendu et cherche à s’isoler de tout stimulus extérieur (ou à les ignorer) et une concentration « chaude » ou au contraire il peut être très actif et en interaction avec des sources multiples. La concentration froide étant idéale pour les taches complexes ou le résultat est important alors que la concentration chaude permet d’enchainer un ensemble de tâches simples ou de ce mettre dans un mode d’exploration ou de génération d’idées.

3.Adéquation apprentissage/application (directedness)

Scott H. Young remarque que les ultralearners cherchent le plus possible et le plus tôt possible dans leur apprentissage à se confronter à la tache qu’ils veulent maîtriser. Par exemple, une personne souhaitant apprendre à faire des jeux vidéo devrait directement se lancer dans la création de son propre jeu plutôt que d’apprendre à coder en C++.

Se faisant, on limite les difficultés liés à ce qu’on appelle, en apprentissage, le transfert c’est-à-dire le passage d’une activité acquise dans un contexte d’apprentissage (dans une salle de classe typiquement) à la même activité réalisée dans le monde réel.

Cela permet également de ne pas perdre de temps à apprendre des choses qui ne seront pas directement appliquées et qui risquent fort d’être inutiles ou oubliées rapidement.

« The easiest way to learn directly is to simply spend a lot of time doing the thing you want to become good at »

– Scott H. Young

4.Exercice (Drill)

Autre particularité des ultralearners, il pratiquent régulièrement et avec une attention soutenu des exercices particuliers en rapport avec un élément précis de leur apprentissage. Cette pratique peut être vue comme contradictoire par rapport à la précédente. Les deux sont bien complémentaires. Le but de ces exercices est de se focaliser sur un point faible ou un aspect  primordial d’un apprentissage afin de le maîtriser complètement. Concrètement, un basketteur apprendra beaucoup en jouant le plus possible de matchs, mais il devrait également pratiquer des séquences particulières de lancer franc.

On retrouve ici la notion de deliberate practice mise en avant par le golfeur Ben Hogan.

5.Remémoration (Recovery)

Une des meilleure méthode pour se remémorer durablement les choses est simplement d’essayer de se les rappeler. Plusieurs études on démontré cela et il semble que ce phénomène soit bien connu des expert de la mémoire.

Si vous essayez de vous rappeler ou de tester vos connaissance sur un sujet , que vous retrouviez ou non la réponse, celle-ci sera mieux mémorisée et de manière plus durable.

Les chercheurs ont montré que, à temps passé équivalent, cette stratégie était meilleure pour retenir le contenu d’un texte que de le relire, de le résumer ou de le représenter de manière visuelle.

6.Feed back

Le feed-back est évidemment un élément primordial pour l’apprentissage. Scott H. Young souligne le fait qu’il peut être de qualité différente et distingue trois niveau de feed-back:

Niveau 1: Résultat global – Seul le verdict est connu sans plus de détail. Cela peut être une note à un concours ou l’examen du permis de conduire par exemple où le candidat à le résultat sans savoir quelles ont été ses erreurs ou si il en a commis.

Niveau 2: Mise en évidence des erreurs – l’apprenant sait ce qu’il a fait de correct ou non, mais pas ce qu’il aurait du faire. C’est ce qu’il se passe par exemple lorsqu’on parle une langue étrangère et qu’on remarque à la tête de notre interlocuteur qu’il ne comprend pas une certaine phrase. C’est aussi le feedback qu’à un programmeur lorsque son compilateur lui indique une erreur à une certaine ligne.

Niveau 3: Correction – C’est le feed-back le plus riche. L’apprenant, en plus de comprendre ses erreurs est informé de la bonne réponse, ou de la bonne manière de faire. Mieux, il peut être guidé vers la meilleure façon de ne plus faire cette erreur.

Evidemment, il faut essayer d’avoir le plus de feed back possible et un feed-back de la plus haute qualité possible pour progresser.

Scott H. Young évoque également des études de chercheurs qui se sont intéressés au meilleurs délais pour le feed-back (immédiat ou différé). Même si les résultats des études sont contradictoires et ne semblent pas pouvoir démontrer qu’il existe une meilleure solution, l’expérience de l’auteur le pousse à suggérer un feed-back le plus rapide possible dans la plupart des cas.

7.Mémorisation

Les différentes techniques de mémorisation étaient au cœurs des précédent livres de Scott H. Young. Ici il se contente de noter que la plupart des ultralearner utilisent des méthodes classique de mémorisation (mnémotechnique, palais mental, répétition espacé,…).

Il s’intéresse par contre au mécanisme de la mémoire mis en évidences par les scientifiques. Il souligne notamment que l’oubli est inévitable (Il est même nécessaire à l’apprentissage) et met en avant les techniques permettant de le limiter.

8.Intuition

Ici l’auteur se concentre sur une étude de cas particulier qui est celle du physicien Richard Feynman. Il relève le fait que Feynman était réputé pour son intuition et cherche à démontrer que cette intuition était lié à une ouverture d’esprit et à une capacité d’apprentissage importante. Il détaille ensuite les différentes techniques de Feynmann et notamment celles qui permettent de se prémunir du biais d’illusion de connaissance (effet Dunning-Krugger) qui consiste à croire que l’on comprend bien un sujet ou qu’on le connait bien lorsqu’il est expliqué alors qu’on aurait été incapable de l’expliquer par nous même.

Feynman avait notamment l’habitude de reformuler des concepts ou des principes physique en partant d’une feuille blanche et sans recours à des sources, de manière à s’assurer qu’il les comprenait bien et n’avait pas simplement l’impression de les connaitre.

9.Expérimentation

Ce chapitre est également principalement dédié à un exemple illustre qui est celui de Vincent Van Gogh. Scott H. Young, en s’appuyant largement sur la biographie de Steven Naifeh, explique comment Van Gogh, dans les dernières années de sa vie dédiées à l’art, n’a eu de cesse de tester et d’explorer différentes techniques et différents médium à travers un apprentissage rigoureux. Pour lui, l’expérimentation est la clef qui a permis à Van Gogh de trouver l’envie d’apprendre. C’est cette envie qui l’a mené à la maîtrise de la peinture (entre autre) et l’a poussé à proposer des œuvres radicalement nouvelles et influentes.

Conclusion

Le livre est facile à lire car bien organisé et clairement écris. Il n’en reste pas moins très complet et intéressant d’un point de vu théorique même pour des gens familiers avec le sujet. Tout est fait pour que les notions évoquées soient directement applicables : les exemples sont nombreux et variés et chaque chapitre se termine par des méthodes pour mettre en œuvre les concepts évoqués. Sa principale qualité pour moi est qu’il est extrêmement inspirant notamment par le nombre et la diversité des apprentissages et des apprenants cités en exemple.

Il se termine par un guide pour se lancer dans son propre projet d’Ultralearning. Même si vous n’avez pas envie de vous lancer, sa lecture donne une furieuse envie d’apprendre de nouvelles choses, en plus des clefs pour le faire au mieux.

Je ne peux que le conseiller à tout ceux qui aiment apprendre des choses nouvelles, qui enseignent ou qui sont intéressés par la mémoire ou l’apprentissage de manière générale.

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Comment ne pas raser un yack ?

Comment ne pas raser un yack ?

Ampoule cassée et poil de yack

Si vous regardiez la série Malcolm in the Middle dans les années 2000, vous adoriez surement les petites saynètes qui précédaient le générique. Dans l’une d‘elle, on suit Hal (l’excellent Bryan Cranston pre-Breaking Bad) alors que la lumière de sa cuisine vient de rendre l’âme. Il va chercher une ampoule neuve dans le placard et se rend compte que l’étagère est en train de tomber. Le tournevis est dans un tiroir de la cuisine, mais celui-ci couine lorsqu’il le ferme. Le bidon d’huile est vide. Il décide donc de prendre sa voiture pour se rendre au magasin mais celle-ci ne démarre pas…

Lorsque sa femme Loïs rentre et lui demande si il a enfin remplacé l’ampoule dans la cuisine, il sort de sous sa voiture, couvert de graisse et visiblement énervé et lui rétorque « Et d’après toi, qu’est ce que je suis en train de faire ! »

Je pense que beaucoup se sont déjà trouvé dans une situation similaire. Alors qu’on avait prévu de faire une tache simple, on se sent dans l’obligation d’en faire une myriade d’autres qui paraissent absolument nécessaires. Au bout d’un moment, on se rend compte que le temps a passé et que la tâche à laquelle on souhaitait s’atteler n’est toujours pas commencée.

Il s’agit d’une forme de procrastination particulièrement pernicieuse car elle donne l’impression d’être productif. En réalité, notre cerveau est un flemmard, il cherchera toujours les excuses qui lui permettront d’en faire le moins possible. Face à une tâche exigeante, il pourra se persuader lui-même que nous sommes productif, alors que nous sommes simplement actif.

On se persuade même que l’on fait les choses bien une fois pour toute, pour pouvoir avancer la prochaine fois. On cherche une meilleur manière d’organiser ses notes, on cherche le meilleur logiciel ou le meilleur matériel, on réponds à un mail ou on passe un coup de fil « pour être tranquille ensuite ». Même si ça nous prend tout notre temps de travail, on raisonne en se disant que tout sera prêt pour commencer demain. Le lendemain, on trouvera autre chose à faire.

Les anglophones ont une expression pour évoquer ce phénomène particulier. Ils parlent de yack shaving, littéralement : rasage de yack. À force de suivre inconsciemment le flot des actions impulsées par notre cerveau, on en arrive à faire des choses absurdes, comme raser un yack pour récupérer ses poils afin de fabriquer une brosse, simplement pour éviter de faire une tache difficile.

Le rasage de yack retient notre créativité

On peut penser que ces moments d’errance créent une spontanéité nécessaire au travail créatif.  Mais aucune grande œuvre n’arrive par hasard. Personne n’a commencé à tapoter sur son bureau en remplissant une feuille Excel et s’est tellement pris au jeu qu’il a continué à faire de la musique jusqu’à enregistrer un morceau. Personne n’a gribouillé dans la marge de son cours pendant suffisamment longtemps pour arriver à une BD publiée. Pour réaliser et se réaliser, il faut être à ce que l’on fait.

Mieux vaut être conscient de ce que l’on fait, de ses objectifs et de ses limites. Si on estime que ranger sa chambre ou faire la vaisselle est une activité qui mérite que l’on y consacre du temps, autant le faire pleinement plutôt que dans le but d’éviter autre chose. Si on se fixe un objectif, quelle que soit l’ambition de celui-ci. Il est important de le mener à bien ou de l’abandonner.Mais le laisser mourir ou le reporter n’est qu’une rustine qui peut marcher à court terme mais qui nous pèsera.

Comment ne pas raser un yack ?

Quand on se demande comment créer de manière efficace, la réponse est toujours: être conscient. Mais cela n’est pas vraiment d’une grande aide. Voilà quelques techniques qui peuvent être mises en place si, comme moi, vous êtes sujets au rasage de yack intempestif.

1.Un environnement de travail optimisé

Il est bon d’être dans un environnement sain pour accomplir les taches difficiles. Les outils doivent être prêt. Le travail à faire clairement défini. Les possibilité de distractions limitées. L’idée est d’arriver à se mettre rapidement dans un état optimal pour arriver à un état de flow dans lequel le résultat obtenu sera maximal en un temps minimal.

Evidemment préparer cet environnement peut prendre du temps. Si lorsque j’arrive sur mon lieu de travail, je passe 30 minutes à ranger pour que tout soit parfait, je suis peut être encore en train de raser un yack. Tout est affaire d’équilibre. Pour trouver la limite il faut être conscient et honnête avec soi-même. Il faut aussi accepter que les conditions ne seront  jamais parfaites et se lancer.

2.Savoir faire des pauses

Parfois c’est au beau milieu d’une séance de travail que tout dérape. On va rapidement faire une recherche sur internet pour trouver l’orthographe d’un mot et avant de comprendre comment on en est arrivé là, on se retrouve à regarder une vidéo expliquant les règle du boulingrin (oui ça m’est arrivé tout à l’heure).

Créer un environnement hors d’atteinte de toute distraction est possible. George R.R. Martin utilise une machine sous DOS, non connectée à internet et le logiciel Wordstar 4.0, pour écrire Game of Thrones.

[Spoiler alert]

Si vous écrivez des romans de fantasy, ça vaut le coup d’essayer. Cela reste néanmoins difficilement faisable en fonction de votre occupation. Une autre stratégie est d’accepter ces moment d’errance. Les identifier et se rendre compte que si cela arrive c’est peut être parce qu’on a besoin de faire une pause ou de se ménager des temps de repos.

Dans ce cas là, la meilleure stratégie est de faire une vraie pause. Levez vous et marchez si vous étiez assis. Évitez de sortir votre téléphone ou de regarder un autre écran si vous travailliez sur ordinateur. Si vous étiez dans le dialogue, restez un temps dans le silence. Vous serez ensuite à même de reprendre votre travail plus sereinement et plus efficacement.

Si vous le pouvez, anticipez ces périodes de mou et prévoyez des pauses régulières avant qu’elles n’arrivent. La technique du Pomodoro peut vous être intéressante. L’idée est de s’imposer des périodes de travail minutées, séparés par des périodes de poses également minutées. Cela peut être efficace même si je trouve que les temps de travail proposées par défaut dans la méthode sont trop cours pour permettre de vraiment s’immerger dans une tâche.

3.Gérez votre énergie

Notre capacité de concentration est limitée. Il est possible de l’améliorer à force de pratique, mais il est difficile de rester concentré sur une tâche créative ardue pendant toute une journée. On recommande souvent de commencer son travail par la tâche la plus difficile. Mais cela peut être adapté en fonction de vos rythmes personnels. Si êtes plus efficaces juste après le déjeuner, ou au cœur de la nuit lorsque les autres dorment, faites vos activités les plus importantes à ce moment là. Testez vous et respectez vous, il n’existe pas de recettes universelles.

Se fixer des plages de travail récurrentes et limitées dans le temps vous fait prendre l’habitude de vous mettre dans le bain tout de suite sans vous poser de question. Par exemple, je décide d’écrire tout les jeudi de 14h à 16h. C’est une obligation, je l’ai inscrit dans mon calendrier et je refuse tout autre engagement pendant cette période. A 13h55 le jeudi, je suis prêt. Le fait de savoir que je devrai m’arrêter 2h plus tard me pousse à rentrer le plus rapidement possible dans mon travail et à ne pas en ressortir.

Si vous avez déjà bien avancé, ou fini votre tâche la plus difficile dans la journée ou que vous avez prévu un temps pour le faire, laissez vous aller. Si vous sentez que vous glissez vers du rasage de yack, prenez-en conscience et profitez-en pour réaliser des activités moins exigeantes intellectuellement mais importantes aussi. C’est le bon moment pour faire toutes ces tâches secondaires que vous vous êtes empêché de faire plus tôt. Comme faire la vaisselle ou la préparation de votre environnement optimal.

Les clefs

  • Le rasage de yack est une manière pour notre cerveau de se passer de faire une activité difficile tout en se donnant l’air d’être très occupé.
  • C’est un ennemi de la créativité car cela nous détourne du travail concentré.
  • On peut limiter cet effet en adaptant notre environnement mais surtout en cultivant la pleine conscience.
Tout art est imparfait

Tout art est imparfait

C’est ce qui vaut la peine de le pratiquer

Dans l’interview donnée à France Culture pour l’émission Masterclasse, Paul Auster revient sur un évènement marquant de sa carrière d’écrivain.

Après que plusieurs de ses premiers manuscrits ait été rejetés par des éditeurs, il se considère comme incapable d’écrire un roman de fiction. Il fait alors le choix de se consacrer à la poésie.

Après quelques années, alors qu’il est dans la tourmente personnellement et professionnellement (il manque d’argent et son couple va mal), un ami l’invite à assister à la répétition générale d’un ballet. Paul Auster décide de s’y rendre. Cette décision changera sa vie.

La représentation a lieu dans une sorte de gymnase. Les danseurs se meuvent sans musique. Paul Auster est frappé par la beauté des corps en mouvement. Par leur déplacement dans la pièce. Leurs rapprochements et leurs éloignements. Le moment est magique, il est transporté.

Puis, au bout d’une dizaine de minutes, la chorégraphe stoppe la représentation. Elle prend la parole pour expliquer ce qu’elle a voulu exprimer, comment elle a construit son ballet. Le charme est rompu. Ses mots tombent à plat, le discours sonne faux. L’émotion a disparu. 

Mais le ballet reprend, et à nouveau Paul Auster est transcendé par la grâce. Jusqu’à ce que la chorégraphe reprenne la parole…

Ces moments d’extase et de redescente s’enchainent pendant toute la soirée. En rentrant chez lui, Paul Auster a compris une chose : les mots ne permettent pas de rendre compte des émotions et de la beauté du monde.

Cette pensée le libèrera. Il se remettra rapidement à écrire de la fiction et ses romans, non seulement seront édités mais connaitront un énorme succès public et critique.

Réaliser que son art est et restera toujours imparfait enlève beaucoup de pression des épaules de l’artiste. Cela vaut la peine de tenter de se rapprocher de cet idéal. D’essayer d’en capter une petite partie. Mais si cela était faisable, à quoi bon continuer. Y aurait-il beaucoup de peintres si la peinture idéale était accrochée au Louvres ? Y aurait-il beaucoup de poète si le poème idéal était publié aux éditions de la pléiade ? Surement pas.

Le principe même de l’idée (au sens de Platon) c’est qu’elle n’est pas terrestre. Nous n’en voyons que ses ombres. L’artiste, à travers son œuvre, cherche à atteindre et à rapprocher l’idée de nous. Savoir que cette entreprise est vaine, que jamais on ne pourra, retire une grande partie du fardeau et permet de continuer cette recherche.

L’art touche à l’infini car que l’artiste tend vers un but inatteignable. Sachant qu’il n’y aura pas de fin, qu’il n’y aura pas de gagnant, et qu’il y aura toujours un pas de plus à faire, il devient possible à chacun de faire ce pas.

L’immense dessinateur Hokusai, à l’âge de 80 ans alors qu’on lui demandait pourquoi il dessinait encore répondit : « J’ai l’impression de faire des progrès ».

L’équilibre des forces créatrices

L’équilibre des forces créatrices

Force génératrice et force destructrice

Lors d’un travail créatif, deux forces opposées doivent être mises en œuvre. D’un côté, un force génératrice: trouver des idées, tracer un croquis, écrire un premier jet, brainstormer en équipe… À  l’opposé une force destructrice: corriger, encrer puis effacer un dessin fait au crayon, éditer, raffiner…


Les forces génératrice et destructrice concourent toutent deux à la création

Ces forces ne peuvent pas advenir simultanément, sinon elles s’annulent entre elles.

Si lorsque je donne les premiers coups de pinceau de ma peinture, ou que j’écris les premières lignes de mon texte, je juge de la qualité du travail, que je doute, que j’efface pour reprendre à zéro, je reste sur place.

Si au contraire, une fois mon premier jet établit, je continue à introduire des nouvelles idées, ajouter un nouveau personnage dans mon histoire, un nouveau développement à mon raisonnement, etc., jamais je n’arriverai au bout.

Ce modèle semble s’appliquer à la plupart des actes créatifs. Si je veux faire le design d’un nouveau produit, ou lui trouver un nom, je vais commencer par produire le plus d’idées possibles. Evidemment la plupart seront mauvaises, certaines seront très mauvaises, très peu seront digne d’être conservées. Mais si je cherche à trouver la solution parfaite dès le début, alors je bloque mon flux créateur. En fait, le simple fait de me poser la question de la qualité de mes créations risque de me bloquer complètement.

Plus tard, je pourrais reprendre ces idées, les étudier, les regarder d’un autre angle, les trier, les remélanger, les raffiner. Cette étape de destruction fait aussi partie du processus créatif, mais elle doit être séparée du processus de génération.

Prendre conscience et apprivoiser les forces créatrices

Il est utile de bien identifier les temps de génération et les temps de destruction. Par exemple, j’écris cette phrase sans me poser la question de savoir si je la garderai ou non, si elle a sa place dans ce paragraphe, ou même si ce que je raconte dans cet article a un quelconque intérêt pour qui que ce soit. J’évite même de corriger des fautes d’orthographe ou de frappe évidente. Je ne veux pas perdre mon flux générateur.

Plus tard, dans un temps différent et avec un état d’esprit différent, je reviendrai et je corrigerai, je couperai, je classerai. Ce temps peux venir juste après mais mon état d’esprit sera changé. J’aurai mis ma « casquette d’éditeur ».

Utiliser cette approche présente un grand intérêt . Cela permet d’éviter deux pièges qui guette le créateur : la peur de créer et la peur de finir. Pour arriver à une œuvre complète, je dois être traversé par ces deux états : l’état de génération et l’état de destruction, mais successivement. Si je ne sépare pas les deux, je reste sur place.

Entre ces deux moments, mon état d’esprit est différent. Lors de la phase de génération, je dois me laisser traverser par les idées, les laisser fuser à travers moi sans les retenir, je suis à peine conscient de ce que je fais. Complètement à ce que je créé.

Lors de la phase de destruction, je dois revenir en moi pour devenir un observateur du travail posé. Là où j’étais totalement ouvert, je dois maintenant être intransigeant. Je dois également faire l’effort de me mettre dans la peau du destinataire ou du client de l’œuvre, pour comprendre comment il va la percevoir.

Il peut même être intéressant de réellement avoir des lieux, des personnes ou des méthodes différentes pour apprivoiser ces deux forces. Par exemple personnellement, j’aime travailler seul sur la phase génératrice et confronter mes idées à un groupe ou une autre individualité lors de la phase destructrice.

J’ai besoin de calme absolu et de concentration pour créer. Je vais m’isoler lors de cette étape. Au contraire, je peux éditer dans un environnement plus vivant, dans un open space, dans le train, en m’interrompant pour discuter.

Pour d’autre cela peut être différent. Il existe d’ailleurs de nombreuses méthode de création en groupe  qui permettent de générer beaucoup d’idées qui seront par la suite raffinée individuellement ou en petit groupe.

La temporalité peut également être différente. Pour certains, la moindre idée peut très rapidement être analysée et décortiquée dès sa formulation consciente, sans générer de blocages. Pour d’autre il faut mieux laisser reposer le travail un temps plus ou moins long avant l’édition.

Chacun peut trouver sa ou ses méthode.  Stephen King (lien) par exemple, écrit ses manuscrits de roman d’une traite. Puis il les laisse reposer quelque mois dans un tiroir et travaille à autre chose avant de les éditer. Au contraire Paul Auster travaille paragraphe par paragraphe en reprenant chaque phrase jusqu’à ce qu’elle lui convienne avant de passer à la suite pour arriver à la fin à un livre quasiment fini.

Être conscient de ses forces opposées qui sont à l’œuvre lors d’un processus créatif permet surtout de mieux comprendre et d’éviter certains blocage.

Les forces créatives, enjeu majeur de la création en groupe

 Ceci est notamment très important lors de phase de création en groupe. Les individualités peuvent se heurter et le processus se bloquer simplement car les protagonistes ne sont pas dans la même phase et utilisent des forces opposées.

Par exemple, une idée avancée par un individu en phase génératrice pourra être rejetée immédiatement, à tort ou à raison par un autre individu en phase destructrice. Le résultat pourrait être que le premier individu se trouve bloqué et n’osera plus proposer d’idée.

Au contraire, lorsque vient la phase de raffinement, Si certain continuent à proposer de nouvelles pistes continuellement, il sera impossible de conclure et d’avancer. Tout le monde doit être d’accord sur le fait qu’il est temps de converger vers une solution commune, quitte à ce qu’elle soit imparfaite aux yeux de certains.

Lors d’une séance de créativité en groupe, c’est le rôle de l’animateur de bien délimiter et expliciter ces phases.

Dans une entreprise ou au sein d’un groupe important ayant un projet commun, ces phases de génération et de destruction peuvent avoir lieu à différentes échelles de temps et être décalées selon les individus ou sous-groupes participant au projet. De ce fait, il se peut que le développement du projet soit continuellement dans cette phase de génération. Hors celle-ci est divergente.

En l’absence de synchronisation des forces destructrices, le processus de création est divergent et l’atteinte du but aléatoire.

Il est nécessaire d’imposer des convergences. Pour cette raison, en entreprise on impose des points de rencontre sous des formes qui plaisent souvent plus ou moins au collaborateurs. On parle de jalon, de revue, de rendu, de mise en production ou en ligne,… Aussi pénible que soient ces étapes, elles sont nécessaires. Et ce d’autant plus que le projet est long et que le nombre d’acteurs est important.

Mais attention à l’équilibre, si on multiplie trop ces points de rencontre, on risque de ne pas passer assez de temps en phase générative et de rater de belles opportunité d’innovation.

Processus de création cadré par des points de convergence

Il n’existe pas de formule miracle, le tout est une question d’équilibre. Avoir conscience de ces forces de génération et de destruction qui sont à l’œuvre lors d’un processus créatif permet simplement de mieux apprivoiser celui-ci et de comprendre les dynamiques qui peuvent apparaître, notamment au sein d’un groupe.